ADJØ OG TAKK MARIT...
Source : Handline N°187
Au revoir et merci Marit ! Le deuxième choc entre la France et la Norvège samedi, achevé sur un succès scandinave, a revêtu une saveur particulière puisque Marit Breivik, coach des Nordiques, était de sortie pour la dernière fois à la tête de la sélection. Olivier Krumbholz, Raphaëlle Tervel, Eric Baradat parlent de cette femme d'exception et lui rendent, chacun, un vibrant hommage.
Les superlatifs faisaient défaut, les mots étaient tantôt rares, tantôt bouleversants. Samedi, dans le petit Palais des Sports d'Andrézieux-Bouthéon, loin d'Oslo, loin de chez elle, une figure légendaire du handball international a baissé le rideau sur sa carrière. Après quinze ans de service, Marit Breivik, seule femme à diriger une équipe nationale sur la scène planétaire, a mené la danse des Norvégiennes pour la dernière fois. Quinze années qui avaient débuté en 1994, à Nîmes, par un succès des Scandinaves (20-21). Samedi, la troupe de Marit ne s'est pas affchée sous ses meilleurs atours. La partie a manqué d'entrain, de saveur mais s'est malgré tout achevée sur une victoire norvégienne (17-22). Il ne pouvait s'en doute pas en être autrement. Les ouilles de Breivik ne pouvaient décemment pas laisser sortir leur guide sur un échec. Et parce qu'il est des instants hors du temps, rares et précieux, le public et l'équipe de France n'allaient pas non plus laisser la dame filer sans bruit.
Dès le terme des échanges, les deux équipes ont alors formé une haie d'honneur, et Olivier Krumbholz a pris son homologue et amie par la main, pour la mener au centre du terrain. « C'est une personnalité exceptionnelle du handball féminin, confessait un peu plus tôt dans la semaine, du côté de Clermont-Ferrand, le coach tricolore. Au travers de ce qu'elle a pu apporter à l'équipe de Norvège. Quand on regarde son parcours, il est aisé de penser que ce n'était pas si difficile que ça vu la qualité des joueuses. Moi je pense que c'est tout le contraire. Justement si la Norvège est parvenue à avoir de tels résultats, des éléments aussi efficaces, c'est grâce à elle. Elle propose un coaching très particulier, unique en son genre. J'ai énormément de respect pour elle. »
Hammerseng : "Marit... Tu es fantastique"
Les yeux humides, Madame Breivik a vu ses bras se remplir de roses alors que la foule, debout et gorge déployée, entonnait une chanson d'au-revoir. « Merci, a soufflé la Norvégienne. Il y a beaucoup d'émotion ce soir. C'est un plaisir immense d'être ici ». Elle salue une fois encore le public, saisie par l'instant. C'est alors que Gro Hammerseng, la pétillante capitaine des Scandinaves, s'avance. Précise qu'elle va tout faire pour parler en anglais, mais que si elle commence à pleurer, elle poursuivra en norvégien. Elle n'a pas dit deux mots que déjà sa voix se brise. « Marit...., souffle-t-elle. Tu es fantastique. Tu as toujours cru en nous. Quand on s'imposait, qu'on jouait bien, tu disais que c'était grâce à nous. Quand on s'inclinait, que c'était à cause de toi... C'était un immense plaisir et une chance inouïe de jouer sous ta direction. Il n'y a pas de mot à mettre sur l'émotion de l'instant. Nous voulons juste te dire merci d'avoir été un entraîneur fabuleux, un leader d'exception et une femme d'une immense gentillesse. »
Après que les deux dames se soient étreintes, sous les regards émus de la foule, Raphaëlle Tervel s'est avancée, à son tour. Jeudi dernier, en Auvergne, elle nous avait déjà confié l'admiration sans limite qu'elle portait à Breivik. Samedi, elle lui a rendu hommage. « Marit... C'est dix-huit participations à des compétitions officielles sur dix-neuf possibles. Sur ces dix-huit tournois, elle a emmené les siennes quinze fois en demi-finale et a remporté treize médailles. Et sur ces treize médailles, y en a six en Or. » Tout était dit. Ou presque. « C'est une émotion de la voir partir, confesse Eric Baradat. Mais je n'ai pas peur pour elle. Je pense qu'on la reverra dans le milieu du handball, peut-être pas sur un banc, mais dans une haute fonction. Et si je devais lui dire quelque chose aujourd'hui, ce serait merci. Merci pour l'image qu'elle a donné du handball féminin ».
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Marit Breivik en bref
Née le 10 avril 1955
En tant qu’entraîneur :
Date de la première sélection en tant qu’entraîneur : le 26 février 1994 à Nîmes contre la France (victoire 21 à 20)
Date de la dernière sélection en tant qu’entraîneur : le 7 mars 2009 à Saint Etienne-Andrézieux contre la France (22-17)
Nombre de sélections en tant qu’entraîneur : 421
Palmarès :
18 participations à des compétitions internationales sur 19 (non qualifié aux JO 2004)
13 médailles dont 6 en or ( 4 à l’Euro, 1 à un Mondial, 1 aux JO) :
1994 Championnat d’Europe en Allemagne Médaille de Bronze
1995 Championnat du Monde en Autriche / Hongrie 4ème place sur 20
1996 Championnat d’Europe au Danemark Médaille d’Argent
1996 Jeux Olympiques d’Atlanta 4ème place sur 8
1997 Championnat du Monde en Allemagne Médaille d’Argent
1998 Championnat d’Europe aux Pays Bas Médaille d’Or
1999 Championnat du Monde en Norvège Médaille d’Or
2000 Jeux Olympiques de Sydney Médaille de Bronze
2000 Championnat d’Europe en Roumanie 6ème place sur 12
2001 Championnat du Monde en Italie Médaille d’Argent
2002 Championnat d’Europe au Danemark Médaille d’Argent
2003 Championnat du Monde en Croatie 6ème place sur 24
2004 Jeux Olympiques d’Athènes non qualifiée
2004 Championnat d’Europe en Hongrie Médaille d’Or
2005 Championnat du Monde en Russie 9ème place
2006 Championnat d’Europe en Suède Médaille d’Or
2007 Championnat du Monde en France Médaille d’Argent
2008 Jeux Olympiques de Pékin Médaille d’Or
2008 Championnat d’Europe en Macédoine Médaille d’Or
Distinction :
Elue entraîneur de l’année en 2008
En tant que joueuse :
Nombre de sélections en tant que joueuse : 137